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56 Les Spectacles de la Foire.
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Au mois de mai 1782, le comparant envoya fa femme paffer quelque tems à fa maifon de campagne life à Cernai à quelques lieues de Paris, ladite
dame Audinot l'ayant fait fa voir audit fieur Abraham D....., celui-ci imagina
de louer une maifon à Sannois, qui n'eft éloigné de Cernai que de quelques portées de fufil, et il eut la liberté, à la faveur du voifinage, de voir ct de fréquenter ladite dame Audinot autant qu'il le voulut. Ce qui facilitoit d'autant mieux ce dérèglement étoit l'abfence du comparant qui, retenu dans la capitale par une indifpofition et des occupations pénibles, n'étoit pas en état d'aller troubler les plaifirs du fleur AbrahamD...... et d'ailleurs ily avoit des mefurcs
prifes pour étre averti de fon arrivée et en prévenir les fâcheux effets.
Le comparant avoit ignoré jufqu'alors la liaifon qui régnoit entre ledit fieur Abraham et ladite dame Audinot, et ce ne fut qu'au retour de la campagne qu'il en fut éclairci à l'occafion fuivante.
Au mois de feptembre 1782, un jour que le plaignant étoit refté chez lui pour caufe d'indifpofition, il vit arriver fur les huit heures du foir un particulier qu'il a fu depuis être ledit fleur Abraham D.....; celui-ci, qui ne
s'attendoit pas à trouver le fieur Audinot à cette heure-là, ayant appris par des lignes que lui fit la femme du comparant que fon mari étoit à la maifon, alla fe cacher dans un efcalier dérobé. Le plaignant, qui commençoit à foup-çonner quelque mauvaife intention de la part de ce particulier, fe mit en devoir dc le chercher ct l'ayant enfin rencontré dans l'endroit obfcur où il s'étoit reculé, il feignit d'abord de ne pas connoitre la femme du comparant; mais ayant été conduit devant elle par le comparant, il, ne put pas foutenir plus longtems fa diffimulation ct il avoua au comparant que depuis 8 à 9 mois il fréquentoit ladite dame fon époufc dont il avoit fait la connoiffance au bal et quc, pour s'introduire chez elle, il avoit féduit ct fuborné tous les domeftiques dc la maifon par argent et par préfens.
Après une déclaration auffi hardie, le comparant eut la force de contenir
fon indignation, il fe contenta dc mettre le fleur Abraham D.....à la porte
en lui interdifant l'entrée de fa maifon avec défenfe à fa femme d'entretenir aucune correfpondance avce lui.
Quelque tems après, le comparant a appris quc ledit fleur D..... avoit recelé dans fa maifon de Sannois une quantité de meubles, effets et hardes quc ladite dame Audinot y avoit fait tranfporter de la maifon de Cernai. Le comparant voulut rendre plainte au juge d'Enghien de ce fait, mais
ledit fleur D......qui prévoyoit l'état fâcheux auquel cette procédure alloit
l'expofcr, fe détermina à renvoyer ces effets dans la maifon du comparant, mais il n'en continua pas moins fon commerce avec l'époufe du comparant, foit en s'introduifant chez lui pendant fon abfence, foit cn lui indiquant des rendez-vous par le moyen dc lettres qu'il avoit Padrcffe de lui faire parvenir. Quelques-unes de ces lettres font tombées entre les mains du comparant.
Il y cn a une datée du 50 feptembre 1782, d'autant plus importante qu'elle découvre les moyens dont ils devoient fe fervir pour entretenir leur correfpondance.
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